Gustave et Georges

« Watson, Watson ! J’ai besoin de toi.

  • C’est toi Catherine ! Qu’est-ce que tu veux ? Tu me déranges, Madame gomme lustrait la dorure de mon dos.
  • Tu aimes ton pot à crayon, plus qu’une boîte à chaussures, je suppose !
  • Oui, oui désolé Catherine je suis tout ouïe.

J’ai sous les yeux trois lettres de Georges LE PETIT à son frère Gustave qui datent de 1895 et celle d’Ellen la femme de Georges à l’oncle BERNARD qui date de 1891. Georges malade a de grosses difficultés financières, Gustave l’aide de son mieux en lui prêtant de l’argent, en lui donnant du matériel pour qu’il puisse continuer à peindre. J’aimerai bien les questionner sans gêner Georges. Comment aborder un sujet aussi sensible ?

  • Tu te sers de ta bouche pour formuler la question ?
  • Bon sang Watson, soit un peu sérieux. Tu ne m’aides pas là.
  • J’ai l’impression que les deux frères s’entendaient très bien et la femme de Georges, qu’est ce qu’elle devait l’aimer pour perdre toute fierté en appelant à l’aide l’oncle de son mari.
  • Tu as raison Watson, il faut un bel amour, une bonne entente pour accepter de demander et d’accepter d’aider.

C’est à Londres que Georges a rencontré Ellen, il était « Contractor » prestataire de service. Peintre décorateur il devait exercer à Londres.

  • Il a essayé d’exercer son métier en Amérique, il me semble.
  • Tu as raison Watson ! Ils sont revenus en France, pour quelle raison ? Plusieurs je suppose.
  • Ils sont rentrés début 1872, Etienne est né à Boulogne sur Mer rue de Rivoli en mai 1873. En octobre, son père est décédé. Je pense que c’est Gustave qui a hérité de la maison de la rue des Dunes.
  • Tu spécules encore ! Je ne connais pas les règles de l’héritage en 1873 et toi non plus !
  • Tu n’as pas perdu de ton côté railleur. N’est pas Watson !
  • Tu m’aimes comme je suis ! J’aime te remonter les bretelles !
  • Bref, c’est à cette époque qu’ils partent à Calais. Jusqu’en 1890, son métier d’entrepreneur en peinture les fait vivre. De plus, Ellen exerce des petits métiers pour mettre du « beurre dans les épinards ».
  • Comment sais-tu ça ? Tu inventes ?
  • Mais non Watson ! Sur les actes de naissance des enfants les professions des parents ainsi que leur adresse y sont notées. La boîte à chaussures me fait de grands signes Attention !
  • Pschitt ! Tu m’aimes trop ! Ma trèèsss chère Catherine !
  • Restons sérieux ! La santé de Georges a commencé à décliner vers 1890. Le courrier d’Ellen à l’oncle BERNARD le prouve, elle est désespérée. J’ai trois autres lettres que Georges a envoyé à son frère Gustave en l’année 1895. Je suppose, que les deux frères ont correspondu toute leur vie mais que seules ses quelques pages ont traversé le temps.
  • Catherine, penses-tu que les problèmes de santé de Georges l’empêcher de travailler ?
  • Oui Watson. Georges explique à son frère qu’il est atteint d’une hernie inguino-scrotale irréductible. Mal soignée elle peut s’avérer très dangereuse même mortelle en cas de complications.
  • Ça devait être très douloureux, normal qu’il ne puisse plus travailler. Il ne pouvait que peindre et vendre ses toiles. Je comprends mieux pourquoi il sollicitait son frère. Ce n’était pas un profiteur.
  • En effet mon cher Watson, il demandait du matériel pour peindre, des documents confiés, de l’aide pour faire dispenser son fils Etienne de l’armée pour qu’il puisse l’aider.
  • Nous avons bien travaillé, ça m’a fait du bien de refaire travailler mes méninges. Pour le moment, repose-moi dans le pot à crayon, j’ai un massage qui m’attend !
  • Tu as apprécié de te replonger dans mon monde. Je te rappellerai à l’occasion ! Fais le bonjour à tes amis mon cher Watson.

Je ne sais pas si Monsieur BERNARD a répondu aux suppliques d’Ellen. Par contre, je pense que Gustave a bien aidé son frère. Etienne est rentré le 24 octobre 1895 mis en congé.

Georges est décédé le 25 mai 1904 à 57 ans, le même âge que son père.

Lettre d’Ellen à Monsieur BERNARD
Lettre d’Ellen à Monsieur BERNARD
25/07/1895
25/07/1895
25/07/1895
28/08/1895
28/08/1895
30/09/1895

Georges et Ellen sont mes arrière-grands-parents, Gustave est l’arrière-grand-père de Patrick qui a eu la gentillesse de m’envoyer ces lettres.

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