Patrick Beckett, son premier mari

Une légère brise fait frissonner la surface du plan d’eau. Les branches d’un saule pleureur semblent vouloir caresser cette étendue où un couple de cygne s’ébattent. Le parc Richelieu se situe à quelques centaines de mètres de chez moi mais le calme y règne. J’ai pris mon carnet de notes, et de mon écritoire de voyage. Je m’installe à une table de piquenique. A l’heure de la marée cet innocent souffle risque de se transformer en bourrasques.

Ecritoire de voyage du 19 ème siècle

« Ma très chère Rose, comment vas-tu ?

  • Watson ! mais je te croyais en retraite ? !!
  • Et oui Rose mais Catherine m’a appelé dernièrement et ça m’a donné envie de reprendre du service. En fin de compte, je m’ennuie dans mon pot à crayons.
  • Cela tombe bien, tu vas m’aider. Tu sais qu’Ellen WINT a épousé, en premières noces, Patrick Beckett BELLEW en 1859 à Londres.
  • Oui et il me semble qu’Ellen vivait en France avec sa mère, son beau-père et leur deux enfants. Quand est-elle revenue en Angleterre ?
  • Je ne sais pas Watson mais sûrement peu de temps avant la célébration. Pour moi, c’est un mariage arrangé.
  • Qui est ce Patrick Beckett BELLEW ?
  • C’est un des descendants d’une grande famille Irlandaise. Son père était capitaine dans l’armée du Bengale jusqu’en 1832 où il prit sa retraite. Patrick Beckett est né 1831 dans le Northumberland en Angleterre.
  • Il me semble que le second prénom est le nom de famille d’une ancêtre plus où moins éloignée.
  • Tout à fait Watson! Je bute sur ce nom Beckett. Je cherche et tu me connais, je renoncerai pas même si je dois recenser tous les Beckett de Grande Bretagne et d’Irlande du 17ème au 19ème siècle !
  • N’oublie pas que je vois tout Rose. Il t’arrive souvent de bifurquer sur l’arbre d’une de ces femmes et de perdre ton objectif premier.
  • Et oui Watson, remonter un arbre en Angleterre est très complexe, peu d’informations sont données sur les actes et plus nous atteignons les plus hautes branches plus les écrits sont nébuleux. De plus, le nom des épouses n’est plus mentionné.
  • Revenons à nos moutons. Donc, pour toi c’est un mariage arrangé. Qu’est ce qui te fait dire cela ?
  • Ellen vivait en France, pas de trace de sa présence à Londres avant son mariage. Je suppose que le mariage a été préparé par son grand-père John Pusey WINT et sa mère Maria. Il ne faut pas oublier que le père d’Ellen a servi dans l’armée royale jusqu’à sa mort en 1840. Qui sait, il a peut-être été compagnon d’armes du père de Patrick.
  • Rose, ne crois-tu pas qu’il y a de la vanité dans l’air ? Il ne faut oublier que l’arrière grand-père n’était qu’un négociant. Marier sa petite fille à une illustre famille était une façon d’améliorer le blason familial !
  • Peut-être Watson ! Ils se sont mariés le 21octobre 1859 à Londres. Leur parenté n’était pas présente lors de l’union.
  • Ils ont eu deux enfants, Francis Beckett né le 11 octobre 1860 à Londres et Maud Eliza née le 11mars1867 à Ilford un village près de Londres. J’ai lu également que Frank Bellew, illustre caricaturiste en Amérique n’est pas tendre avec lui. Il l’accuse de vivre, en quelques sortes, à ses crochets.
  • Oui Watson, mais il est réputé pour son manque de tact et de courtoisie. Il n’épargne personne de sa plume acerbe, ni sa famille, ni amis, ni même le gouvernement. Entre 1861 et 1864, Ellen et Patrick ont vécu dans une propriété de Franck dans le quartier de Fordham à New York. Combien de temps sont-ils restés chez ce malotru, je n’en sais rien mais ils étaient de retour en Angleterre à la naissance de leur fille.
  • Patrick Beckett était capitaine d’un navire de la marine marchande. Du reste, aucun document ne stipule son emploi dans la compagnie.
  • Son frère a réussi à nous transmettre ses doutes. Il est mort, à bord, le 10 septembre 1869 d’une maladie pulmonaire. Et oui mon ami, Ellen est veuve à 29 ans avec deux enfants. Elle a encore toute la vie devant elle.

Watson a regagné son pot à crayon, je referme mon écritoire. Le vent monte, le ciel se charge de nuage, il fait plus frais. En pleine parade nuptiale, les cygnes nous offrent un ballet majestueux. Face à sa promise le mâle hérisse ses plumes. Ils se caressent, se pavanent, glissent côte à côte sur onde. Conquis, de leur corps, ils dessinent un cœur. Il sont unis pour la vie. Le vent salue ce mariage d’une bourrasque, le saule pleure de joie. Des enfants courent, jouent, crient. Ils ne perturbent pas les habitants du parc habitués à leur présence. Un dernier regard, sur le couple et je me mets en chemin. Les oiseaux chantent, les fleurs embaument, les branches bruissent, le gravier craque sous mes pas, mon cœur est léger, je rentre l’âme en paix.

Je suis l’arrière-petite-fille d’Ellen WINT

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