Robert West

Rendez-vous avec un collatéral par alliance

Comme Robert WEBSTER, Robert WEST a pris tous les risques pour venir travailler à Calais. Lui aussi est passé clandestinement d’Angleterre à Calais, il a également rapporté matériels et matières premières. Pour le moment, il travaille chez WEBSTER, CLARK et BONINGTON. 

Ce jeudi soir, un fiacre m’attend devant la boutique de Melle BONNET. En quelques mots le cocher m’explique qu’il doit me mener au salon de thé de Lady JONHSON à Saint Pierre les Calais. Nous sommes fin octobre, courbés sous les bourrasques d’un vent du Nord glacial, bêtes et gens cherchent à regagner au plus vite leur foyer ou un abri. Ce matin, le temps était clément mais nous sommes dans le Nord et le temps est toujours aussi incertain. Je grelotte dans ma petite redingote. Vite, je monte en voiture, une couverture m’attend, je m’en couvre et réfléchis à mon interview. Les paysans sont chassés de Saint Pierre Les Calais, de plus en plus de maisons remplacent les champs, le bourg s’agrandit de jour en jour.

Finesse de la vaisselle anglaise

Robert WEST m’aide à descendre du fiacre, il me présente ses excuses pour m’avoir fait venir à l’improviste. Je l’arrête tout de suite, c’est déjà très généreux de sa part de me consacrer du temps. Nous entrons, une douce chaleur nous entoure, Lady JONHSON nous installe, une employée prend notre commande, j’en profite pour lui demander papiers et crayons. J’admire la finesse et la délicatesse de ces tasses, le thé succulent nous réchauffe. Je suis prête.

– Monsieur, puis-je commencer à vous poser des questions ?

– C’est avec plaisir que j’y répondrai, Mademoiselle

– Monsieur WEBSTER m’a expliqué que vous avez traverser les mêmes difficultés et dangers que lui pour venir vous installer ici. Comment s’est passé ce voyage, je devrais dire cette épopée ?

– Malgré un printemps bien installé, nous avons eu le droit à une tempête mémorable. J’ai perdu une partie de mon chargement et, plusieurs fois, j’ai failli passer par dessus bord. Le maître pêcheur maitrisait à merveille son bateau, heureusement pour nous.

– La chance est avec vous et j’en suis bien aise.  Vous travaillez pour M. WEBSTER pour le moment quels sont vos projets ?

– Je suis à la recherche de financiers pour faire construire mon premier métier et m’installer un petit atelier pour commencer. J’ai bien plus de contacts en Angleterre qu’en France, les Français sont encore frileux devant cette nouveauté. Mon épouse m’a rejoins avec nos enfants et travaille à la finition. Nous vivons dans une pension de famille. Je pense que mes frères viendront m’aider un certain temps. 

– Voulez-vous utiliser les mêmes métiers que ceux de M. WEBSTER ?

– Oui, pour le moment mais je me tiens toujours au courant des derniers brevets déposés pour toujours améliorer les machines et la qualité de la dentelle. J’ai pris contact avec un teinturier installé sur la commune de Guînes et une blanchisseuse sur la commune de Marck. La main d’œuvre ne manque pas et de chaque côté du Channel. Je ne suis pas inquiet, l’avenir est devant nous.

Et dans 10 ans ?

Dans 10 ans, je serai à la tête d’une manufacture, mon fils John apprendra le métier à mes côtés. Le bruit des métiers s’entendront dans toute la ville, des compatriotes et des français travailleront ensemble pour pérenniser cette dentelle.

– Merci M. WEST. N’hésitez pas à réitérer cette invitation inopinée quand vous serez installé.

– Je vous en prie Mademoiselle, ça sera avec grand plaisir.

 Il me raccompagne jusqu’à ma voiture et m’aide à m’y installer. Un dernier signe de main et le fiacre s’ébranle vers Calais. La nuit est tombée, le ciel est de plomb, sous l’emprise du vent les arbres décharnés semblent hurler de douleur, la poussière d’habitude si discrète, se dresse au milieu des chemins et s’insinue partout. Une demi-heure plus tard, le cocher m’ouvre la porte, après quelques remerciements et paroles d’encouragements à ce Monsieur, je m’engouffre dans l’entrée de mon immeuble. L’âtre ne renvoie qu’une pâle lueur, J’ajoute une bûche, le crépitement et une douce chaleur s’installent à nouveau. Je me fais réchauffer une soupe que j’agrémente de croutons croustillants et me restaure, je débarrasse la table, sors de mon manchon les note que j’ai prises et me mets à écrire.

Ce que Robert ne peut pas savoir c’est que son petit fils James va épouser une certaine Marie Joséphine LAPOTRE, sa sœur Ursule LAPOTRE va épouser Charles BOUTROY. Leur Fils Eugène va épouser Blanche LE PETIT la sœur de mon grand père. La mère de Blanche Ellen WINT épouse LE PETIT restera très proche de la communauté Anglaise de Calais.

Ce texte est dans la continuité de « La dentelle de Nottingham à Calais »

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